Peu d'entre vous probablement se souviennent de Beneath A Steel Sky et pour cause : ce jeu est sorti il y a plus de 25 ans (en 1994 plus précisément) sur Amiga et PC Dos. Le jeu a pourtant beaucoup marqué son époque par sa qualité, mais le studio à l'origine du jeu est passé entre temps à une série de jeu pour le coup bien plus connue de nos jours : Les Chevaliers De Baphomet. Mais pour Charles Cecil et Dave Gibbons - auteurs du jeu - il n'était pas question d'en rester là, et avec Microids, ils ont enfin pu concrétiser une suite à l'histoire de Robert Foster : Beyond A Steel Sky.

Welcome to Union City

L'histoire de Beyond A Steel Sky se passe 10 ans après les événements du premier jeu. Il ne s'agit donc pas d'une suite directe, car beaucoup de choses se sont passées dans le monde depuis que Robert a laissé son ami Joey reprendre en main la ville d'Union City. Robert coulait des jours heureux dans un petit village du ravin avec son ami et Milo, le fils de celui-ci. Mais une petite partie de pêche tournera vite court lorsqu'un énorme véhicule sur pattes conduit par des androïdes va les attaquer et kidnapper le petit Milo tout en blessant son père. Robert n'a d'autre choix que de partir à la recherche de l'enfant, ce qui le ramènera très rapidement à la ville qu'il avait autrefois sauvé et qui a bien changé depuis : Union City. Que ceux qui n'ont pas joué au jeu d'origine se rassurent, ce n'est pas un prérequis à la compréhension de l'histoire. Bien entendu de nombreuses références sont faites, mais la plupart sont expliquées correctement dans cette suite. De toute façon, la ville a tellement changé que même notre beau Robert ne la reconnais plus et la redécouvre en même temps que le joueur. Voilà qui est bien trouvé.  Vous remarquerez rapidement qu'Union City n'est pas une ville comme les autres, et que son fonctionnement dystopique va être au coeur de l'histoire. Toute la ville est structurée par un réseau informatique omniprésent (Minos) qui récompense les bonnes actions et blâme les mauvaises, octroyant plus ou moins de privilèges en fonction de votre prestige. Tout est contrôlé par 5 ministères bien différents des n$otres : Bien-être, Aspiration, Confort, Sécurité et Abondance. Union City est la concrétisation d'une ville parfaite ou seul le bonheur de tous compte. Vous vous doutez bien que ce beau vernis va rapidement craqueler et que les dérives d'un système trop beau pour être vrai vont vous y être exposées. Cette dystopie est un des éléments clefs du jeu et est exprimée avec tour de force par une narration qui vous incite à en savoir plus sur ce qui vous entoure.

Une belle brochette de petits lapinous d'amour

Ville du bonheur oblige, les citoyens d'Union City ont l'obligation d'être aimables. Voilà qui va bien arranger vos affaires pour partir à la pêche aux informations en allant tailler le bout de gras avec les autochtones. Il y aura au final assez peu de personnages avec qui discuter, mais la plupart sont hauts en couleur. Les dialogues sont une partie importante du gameplay (fort heureusement, ils sont intégralement doublés en français). Et s'ils sont assez sommaires dans leur gestion (on sélectionne un des sujets proposés), ils sont nombreux, très bien écrits avec énormément d'humour (Robert en particulier utilise beaucoup l'ironie). Il est aussi très souvent possible de mettre le même sujet plusieurs fois sur la table pour des réponses différentes. Peu utile, mais souvent fun ou instructif. Dans tous les cas, il ne faudra jamais hésiter à venir reparler à un personnage plus tard avec de nouveaux sujets de conversations ouverts par la progression de l'histoire (ou par le dialogue avec d'autres personnages). Mais pour discuter avec les personnages, il vous faudra d'abord les trouver. En effet, et même si le jeu ne gère pas de cycle jour/nuit, les personnages vaquent à leurs occupations et se promènent dans leur zone dédiée. Un agent d'entretien va par exemple faire le tour de toutes les installations pour surveiller leur bon fonctionnement, ou un robot va vaquer à ses tâches ménagères. C'est une bonne idée qui donne un peu de vie à ce monde qui en manque un peu trop cruellement. Le revers de la médaille est qu'il est parfois fastidieux de leur courir après pour leur parler, et encore plus pour utiliser sur eux un objet de l'inventaire. En effet, il faut pour cela commencer par pointer le curseur sur le personnage, puis appuyer sur la touche de l'inventaire, parcourir les objets avant de valider. Ce ne serait pas un problème si les PNJ n'en profitaient pas pour se carapater et sortir de notre portée. Il faut alors attendre qu'ils s'arrêtent pour recommencer l'opération. Même si cela n'entache en rien le plaisir de jeu, ça créée parfois inutilement de la frustration. De manière globale, la jouabilité du titre mériterait d'être améliorée. Il est par exemple possible de courir, mais pas assez rapidement pour les multiples allers-retours que vous aurez à faire. Le personnage se bloque aussi assez bêtement contre certains éléments de décors.

Elémentaire mon cher scanner

Qui dit point & click dit énigmes. Beyond A Steel Sky ne déroge pas à la règle. Si la solution est souvent logique, elle demandera souvent de se creuser efficacement les méninges. D'ailleurs ce n'est pas pour rien que le jeu propose une solution d'aide intégrée qui permet de mettre le joueur petit à petit sur la piste. D'abord un vague indice, puis un plus précis et ainsi de suite. A vous de voir le degré d'aides dont vous aurez besoin pour vous débloquer. Pour éviter les abus, un temps d'attente de 30 secondes est demandé entre deux indices. Ce système est malin et suffisament bien conçu pour vous aiguiller sans donner la solution, tout en vous permettant de ne pas rester bêtement bloqué. Surtout que malheureusement cela risque d'arriver. A plusieurs reprises dans le jeu, je suis resté coincé bêtement sur une énigme parce que je n'avais simplement pas vu un certain élément dans l'environnement en 3D. Un élément ne s'affiche que si vous pointez la vue dans sa direction, il est alors parfois simple de complètement passer à côté. Une possibilité de mettre en surbrillance les éléments avec lesquels interagir aurait bien aidé. Au moins, vous voilà forcé de bien explorer les lieux. Pour rompre avec les énigmes classiques à base de poulets en caoutchouc avec des poulies au milieu, l'équipe de Revolution nous propose ici une innovation avec le scanner d'hacker. Rapidement dans l'aventure, vous mettrez la main sur un appareil qui permet de pirater les appareils automatisés. S'affiche alors leur algorithme simplifié de cas d'utilisation. Il est alors possible de déplacer certaines cases pour les reprogrammer. Plus intérressant encore, si deux objets sont proches, il est possible de déplacer un élément d'un appareil à l'autre ce qui ouvre pas mal de possibilités. Rassurez-vous, le jeu est conçu de manière à empêcher certains blocs d'être déplacés, ce qui guide un peu la réflexion. 

Mon avis à moi

Bayong A Steel Sky est un jeu imparfait qui a probablement dû manquer un peu de budget pour être peaufiné comme il se devrait. C'est en particulier le cas du portage sur switch pas vraiment optimisé. Mais sous les imperfections techniques se cache un jeu attachant, bien écrit et qui sait mettre en place un univers que l'on a envie de découvrir.

A qui s'adresse Beyond A Steel Sky ?

- A ceux qui attendaient une suite au premier depuis 25 ans

- A ceux qui aiment découvrir des univers dystopiques

- A ceux qui veulent se creuser les méninges

 

A qui ne s'adresse pas Beyond A Steel Sky ?

- A ceux qui ne pardonnent pas une technique faiblarde

- A ceux qui s'attendent à un monde ouvert

- A ceux qui cherchent de l'action

Johann Barnaud alias Kelanflyter